CGGG. Séminaire « Définitions et axiomes »

Coordination : Vincenzo de Risi (CNRS, SPHERE), Paola Cantù (Centre G.-G. Granger)

Interventions
13h30-14h45  David Rabouin, Définitions et axiomes chez Leibniz
À de nombreuses reprises, Leibniz a avancé que les démonstrations mathématiques pouvaient se résoudre en deux indémontrables : les définitions et les axiomes – eux-mêmes réductibles en dernière instance aux seuls « identiques » (demonstrationes ultimum resolvi in duo indemonstrabilia: Definitiones seu ideas, et propositiones primitivas, nempe identicas). En s’appuyant sur la célèbre démonstration de « 2 + 2 = 4 » dans les Nouveaux Essais sur l’entendement humain (IV, chap. 7, § 10 ; A VI, 6, 413-414), Frege a vu dans cette déclaration le premier témoignage d’une forme de logicisme. À l’aide de l’identité logique, définie par la substitution salva veritate, et de la définition du nombre deux comme « 1 +1 », on peut, en effet, dériver tous les énoncés arithmétiques par simple substitution. Ne restait plus dès lors qu’à consolider l’édifice en donnant une définition purement logique de l’unité (et avant l’unité, du nombre zéro). Cette lecture a joué un très grand rôle dans l’interprétation de Leibniz jusqu’à nos jours, y compris chez ceux qui contestent l’interprétation « logiciste » et se contentent souvent de rejeter en bloc le rôle de la réduction aux identiques. On objecte alors, comme le faisaient déjà Cassirer et Brunschvicg, que la réduction aux identiques est un idéal que Leibniz n’a jamais mis en pratique et qui n’a de valeur que fondationnelle. Dans cet exposé, je voudrais montrer que cette fracture classique du commentaire repose sur deux erreurs d’appréciations : d’un côté, les interprétations « logicistes » n’ont pas pris en compte le fait que les axiomes « identiques » s’énoncent en un pluriel que Leibniz n’a jamais cherché à résorber (j’expliquerai pourquoi) ; de l’autre, les interprétations plus centrées sur la pratique mathématique n’ont pas vu que la stratégie de réduction aux identiques est bien au cœur de la pratique mathématique de Leibniz. J’essayerai d’expliquer comment et pourquoi cette stratégie s’est mise en place, en montrant au passage la manière dont elle a conduit à une nouvelle vue sur les définitions mathématiques très proches de ce qui fut appelé bien plus tard « définitions par abstraction ».

15h15 -16h30 Gabriella Crocco,  » Définition et raison » : le rôle des définitions contextuelles dans la conception de rapports entre science et philosophie
La notion de définition contextuelle joue un rôle clefs dans les débats épistémologiques de la philosophie des sciences du XIXe et XXe. Présentée par Quine dans Naturalized Epistémology (1967), comme le résultat de la réflexion de Jeremy Bentham, elle marque en réalité, selon J. Vuillemin  l’acte de séparation entre réflexion philosophique et constitution de la science mathématique. Nous nous intéresserons en particulier à l’analyse de la définition eudoxienne de l’identité des rapports dans Euclide 5, livre V, laquelle joue dans l’ouvre de Vuillemin un rôle crucial, étant par lui interprétée comme la première irruption du formalisme dans les mathématiques.

http://centregranger.cnrs.fr/spip.php?article924

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