LPCPP. Soutenance* de la thèse de Cassandre SURINON

5 décembre 2025 15:00 / 18:00

(*) sous réserve d’autorisation de soutenance

Titre : Etude des traces psychiques du traumatisme historique chez des descendants de victimes de la traite négrière et de l’esclavage : Guadeloupe et Martinique

Jury
Evelyne BOUTEYRE, Professeure des universités, Aix Marseille Université, Directrice de thèse
Myriam COTTIAS, Directrice de recherche, CNRS CIRESC Campus Condorcet, Rapporteur Colette JOURDAN-IONESCU, Professeur des universités, Université du Québec, Rapporteur
Mohammed HAM, Professeur des universités, Université Côte d’Azur, Examinateur
Valérie FOINTIAT, Professeur des universités, Examinateur

Résumé La Guadeloupe et la Martinique, aujourd’hui îles françaises des Caraïbes, ont été pleinement touchées par la traite négrière et l’esclavage. Cette histoire traumatique est donc au cœur de la construction identitaire contemporaine de ces territoires. Pourtant, peu de recherches s’intéressent aux répercussions psychologiques actuelles de ces événements de masse sur la population. A l’inverse, de nombreux auteurs décrivent des traces de ce passé dans leur description de la population antillaise. Notre thèse, par une méthodologie singulière et en s’appuyant sur le concept de traumatisme historique, vise à objectiver les manifestations psychiques de cet héritage. Nous avons rencontré 24 étudiants antillais : 12 Guadeloupéens et 12 Martiniquais. Les participants, âgés de 18 à 27 ans et issus de filières diverses, ont réalisé un protocole combinant un entretien directif et des techniques projectives. Les consignes ont été adaptées pour répondre aux besoins spécifiques de notre recherche. Les résultats confirment la présence de traces du traumatisme historique de la traite négrière et de l’esclavage. Ils révèlent que, si l’histoire de l’esclavage constitue un élément central de la construction identitaire des participants, ceux-ci se défendent de ce passé traumatique. En effet, une difficulté à intégrer le traumatisme persiste, particulièrement dans sa dimension intime et familiale, conséquence d’une rupture de la transmission et de la filiation dans les familles antillaises. Le trauma demeure ainsi non résolu et non dépassé, et les participants maintiennent un sentiment de dette impayable envers les ancêtres. Par ailleurs, ces difficultés sont renforcées et maintenues par le défaut de reconnaissance et de traitement mémoriel de la part de la France. Ce travail de thèse met en évidence les enjeux cliniques et sociétaux liés au traitement du traumatisme historique. Il propose une réflexion et des pistes de travail pour accompagner les populations antillaises à l’élaboration psychique de ce traumatisme de masse.

Lieu : Campus Schuman – Bâtiment Egger – Salle C223

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