IHP. Séminaire d’Histoire de philosophie ancienne

Variations sur le pouvoir de la beauté d’Hélène, d’Homère aux sophistes
Enrica BASTIANINI
(Università degli Studi della Tuscia Viterbe – Italie)
La communication se propose d’examiner la toute-puissance de la beauté d’Hélène dont la littérature grecque archaïque et classique, à commencer par le cycle de Troie, se fait l’écho. À partir d’un certain nombre de passages allant de l’Iliade (notamment dans le troisième livre) à l’Hélène d’Euripide et aux Éloges de Gorgias et d’Isocrate, nombreux sont les passages qui mettent l’accent sur la dimension communicative et la force de persuasion que les auteurs attribuent à la beauté d’Hélène, chaque fois avec une conscience plus grande de ce qu’elle représente et de manière de plus en plus précise. Dans les discours de Gorgias et d’Isocrate, la beauté s’éprouve dans toute sa puissance et son pouvoir de persuasion. Chez Isocrate en particulier, Hélène est l’archétype du « beau », métaphore d’une beauté qui symbolise l’art oratoire. Le pouvoir de la beauté d’Hélène en vient à se confondre avec le pouvoir du langage.

Antiphon et la laïcisation du nomos
Laura MOSCARELLI (C.N.R.S.-Paris (U.M.R. 7095) – Université de Paris XIII)
Antiphon n’a participé à la vie politique athénienne que pendant la très brève période du gouvernement des Quatre-Cents et a été condamné à mort après la prise de pouvoir par le peuple. Dans ses écrits, il valorise la physis et attaque explicitement et fortement le nomos, accusé de perpétuer les inégalités parmi les hommes. Aussi la tradition philosophique a-t-elle souvent interprété la pensée d’Antiphon dans une perspective antidémocratique, voire oligarchique. La conférence souhaite remettre en question cette interprétation. Quand Antiphon affirme que la justice a des limites, il ne le fait pas dans une optique antipolitique ou antidémocratique. Il veut exprimer que nous ne devons pas chercher le garant de la loi ou de la justice dans la nature, car le fait de fonder le nomos dans la physis voudrait dire le fixer à jamais et le rendre dangereusement intouchable. Inversement, en détachant le nomos de la physis, nous pouvons toujours le modifier, modifier donc nos institutions, nos lois et nos valeurs, et les adapter en fonction de nos besoins, et des besoins de tous. Avec Antiphon la justice est définitivement positive, humaine, politique et le nomos libre et laïc.

Contact : michele.corradi@univ-amu.fr

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