CAER. Soutenance* de la thèse de Cinzia DI CEGLIE

6 décembre 2025 10:00 / 15:00

(*) sous réserve d’autorisation de soutenance

Titre : Les troubles alimentaires dans la littérature contemporaine italienne ( Maraini, Siti, Leccas, Franzoso, Mariolini, Mencarelli )

Jury
Stefano MAGNI, Professeur des universités, Aix Marseille Université, Directeur de thèse
Martine BOVO, Maîtresse de conférence, Université Bordeaux Montaigne, Rapporteur
Lorella MARTINELLI, Full professor, Université Grabriele d’Annunzio, Rapporteur
Antonella MAURI, Professeure des universités, Université de Lille 3, Examinatrice

Résumé
Ce travail est né d’une question simple mais encore peu explorée : que se passe-t-il lorsque la nourriture, au lieu de n’être qu’un besoin vital, devient dans la littérature le lieu où se jouent l’identité, le désir et la souffrance ?

Le parcours commence par les autrices italiennes du XIXᵉ et du début du XXᵉ siècle – Neera, Sibilla Aleramo, Wanda Bontà, Natalia Ginzburg. Dans leurs romans, la relation à l’alimentation se transforme en un langage secret, une révolte muette face aux rôles imposés par une société patriarcale qui enferme les femmes dans la maternité et le mariage. Manger ou se priver devient alors un geste de résistance.

Puis, un tournant décisif apparaît avec Dacia Maraini : pour la première fois, une écrivaine italienne dessine un personnage masculin aux attitudes anorexiques. Avec elle, la problématique se déplace et s’élargit. Ce n’est plus seulement le corps féminin qui exprime une révolte ou une contrainte, mais aussi le corps masculin, fragilisé par ses contradictions et ses blessures.

À partir de là, l’analyse s’ouvre aux voix masculines de la fin du XXᵉ et du XXIᵉ siècle. Walter Siti, Marco Mariolini, Marco Franzoso, Nicola Lecca, puis Daniele Mencarelli racontent chacun, à leur manière, des hommes en lutte avec la nourriture, avec leur corps et avec eux-mêmes. Dans leurs récits, l’anorexie, l’obsession de la pureté ou le refus de s’alimenter deviennent les signes visibles d’une crise plus vaste : celle de la masculinité italienne confrontée aux bouleversements du Sessantotto, aux attentes familiales, à la société de consommation et, plus récemment, à l’opulence et à la solitude du nouveau millénaire.

Ainsi, de l’Italie post-unitaire au XXIᵉ siècle, à travers les voix de femmes puis d’hommes, ce travail montre comment l’alimentation fonctionne comme un miroir des tensions sociales et des fractures identitaires. Ce qui pourrait sembler un simple geste quotidien – manger, ou refuser de manger – devient dans la littérature un acte lourd de sens : cri de douleur, protestation silencieuse, ou tentative de retrouver une place dans le monde.

Lieu : Campus Schuman – Bâtiment multimédia – Salle de colloque 2

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